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LES CASTELLS

Les castells sont des constructions humaines pouvant atteindre six à dix étages, apparus à la fin du XVIIIe siècle dans la zone du campo de Tarragona, et qui se sont ensuite étendus à tout le pays.

Chaque castell est le fruit de valeurs aussi universelles que le travail en équipe, la solidarité, le dépassement de soi, le sentiment d’appartenance ou l’intégration de personnes de tous âges, origines, races et conditions sociales.

Une tradition résolument catalane que l'UNESCO a déclarée en 2010 Patrimoine Immatériel de l'Humanité.

Histoire

Au cours des plus de deux siècles de tradition, les castells ont considérablement évolué et ont survécu à des situations extrêmes : sur le point de disparaître, il y a cent ans, ils connaissent aujourd’hui un immense regain de popularité.

Les castells sont une évolution du ball de valencians (« bal des valenciens »), une démonstration folklorique qui se terminait par l’assemblage d'une figure humaine. Quand ce bal, originaire du País Valenciano, est parvenu en Catalogne au XVIIIe siècle, il s’est fortement enraciné dans les cantons du Camp de Tarragona : el Penedès et el Garraf. La figure finale ponctuant le bal a progressivement gagné en importance : le défi consistait à la constituer toujours plus haute et compliquée, non seulement pour se dépasser soi-même, mais aussi pour dépasser les autres groupes du ball de valencians. Ce fut à Valls que cette compétition finit par conférer une autonomie propre à la figure finale, jusqu’à devenir ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de castells.
Réaliser la construction la plus haute était l’objectif des premiers castellers vallenses qui, au début du XIXe siècle, se scindèrent en deux colles : celle des Payeses et celle des Menestrales. Les colles vallenses se déplaçaient à travers tout le Camp de Tarragona i el Penedès, de juin à octobre, participant aux principales fêtes.
Durant son premier siècle d’existence, le monde des castells gagna en popularité, et les colles remportèrent de nouveaux succès qui les amenèrent à échafauder des castells mesurant jusqu’à neuf étages. C’est en 1851 que l’on rapporte le premier Castell de 9 avec folre de l’histoire, lors des fêtes de Santa Tecla à Tarragona. L’activité jouissait d’une grande popularité dans sa région traditionnelle, et c’est la période qui correspond au premier âge d’or des castells. Cette période prend fin à El Vendrell en 1893, où l’on assiste au dernier Castell de 9 étages sur près d’un siècle.
Au début du XXe siècle se produisent différents phénomènes qui mettent en suspens l’activité castellera : une forte immigration du campo vers la ville pour trouver du travail ; les sports modernes comme le football commencent à gagner des adeptes, et la sardana de l'Ampurdan s’impose à travers tout le territoire. Finalement, les castells tombent en désuétude et déclinent jusqu’au point de pratiquement disparaître.
Depuis leur naissance et pendant près de 130 ans, les castells avaient constitué un élément quasi-exclusif aux colles de Valls (généralement deux), puis, au fil du XIXe siècle, ils se déplacèrent sur tout le territoire ccasteller : campo de Tarragona, Penedès et Garraf. À partir de 1926, les castells connaissent une résurgence avec l’avènement des premières colles stables non vallenses, à Tarragona et à El Vendrell. Un fait qui rebat les cartes et insuffle une nouvelle compétition qui induira une forte croissance du monde casteller, avec la récupération des castells de huit étages au moment où les colles commencent à utiliser une couleur de chemise pour se différencier. Mais les trois ans de Guerre Civile Espagnole (1936-1939) marquent un fort recul de l’activité castellera qui, malgré tout, ne s’arrête pas.
La dictature n’impose pas l’interdiction des castells, qui sont alors perçus comme un symbole de l’âme catalane, mais aussi comme un simple spectacle traditionnel local. Toutefois, le régime oblige les colles d’une même localité à fusionner en une seule et même entité. Durant les années 50 et 60, la normalité reprend son cours et l’activité ccasteller gagne en vitalité, avec une grande rivalité entre les colles de Valls et les autres. La fin de la dictature approche et les castells connaissent un changement social grâce auquel ils deviendront ce qu’ils sont aujourd’hui. En 1969 naît à Barcelone le premier rassemblement hors du cadre traditionnel et aussi le premier où les castellers n'étaient pas payés.
La transition vers la démocratie s’accompagne d’un mouvement social de récupération de la rue et de revendication de la culture catalane. Dans ce contexte, de nouvelles colles continuent d’apparaître hors du cadre traditionnel casteller, instaurant un nouveau modèle de colla augurant de l’intégration totale de la femme. C’est à ce moment que les castells s’imprègnent de nombre des valeurs actuelles : ils deviennent une activité altruiste et intégratrice, commençant même à représenter une forme de symbole du pays.
C’est dans ce contexte que survient une seconde vague de récupération des castells de neuf étages. En 1981, la Colla Vella dels Xiquets de Valls désassemble, près d’un siècle plus tard, le 4d9f, qui inaugure ce que l’on appelle le second âge d’or des castells. Cinq ans plus tard, la Colla Joves Xiquets de Valls exécute également le 3d9f et les castells de neuf étages commenceront à être aussi adoptés par d’autres colles réputées du pays.
Avec la présence des castells en 1992 à la cérémonie des Jeux Olympiques de Barcelone, le monde ccasteller vit une phase de médiatisation et d’internationalisation qui favorise la création de nouvelles colles, jusqu’à atteindre la soixantaine à la fin des années 90, soit le double comparé à dix ans auparavant.
Les nouveaux succès ne tardent pas à arriver et, en 1993, les Minyons de Terrassa accomplissent le premier castell de la dite gama extra (d’une difficulté supérieure aux castells de 9 étages) et, en 1998, on assiste aux premiers castells de 10 étages, quand, en novembre, les Castellers de Vilafranca réussissent à assembler le premier 3d10fm avant que, une semaine plus tard, les Minyons de Terrassa le désassemblent.
À compter de 2010, avec l’inclusion des castells dans la liste représentative du Patrimoine Immatériel de l’Humanité de la part de l’UNESCO, et en conséquence également de la crise économique qui permet l’entrée de neuf membres aux colles, ils connaissent un nouveau regain en 2019, année où l’on enregistre la création de cent colles. Cette année représente aussi un bond important au plan technique, puisque, durant la Diada de Santa Úrsula, les deux colles de Valls assemblent pour la première fois de l’histoire le mythique 3d9sf, un castell de 9 étages, avec trois personnes par étage, sans le renfort habituel qu’il compte habituellement au deuxième étage et qui, jusqu’ici, n’avait été accompli qu’avec une structure à quatre.

TECHNIQUE

Les castells ne sont pas le résultat d’improvisations aléatoires sur les plazas, sinon le fruit d’une étude détaillée des structures, de leurs composants et des fonctions et emplacements de chacun d’eux, tout d’abord, mais aussi d’un essai régulier pendant des mois entiers.

PARTS OF A HUMAN TOWER

Ce sont toujours les trois premiers étages d’un castell, à l’exception des pilars (« piliers »). Ils sont constitués des plus petits de la structure : dosos, acotxador et enxaneta. Et attention, car pour déterminer la hauteur du castell, chacun d’eux compte au titre d’un étage !

Ce sont les personnes qui composent le squelette de la structure. Segons, terços, quarts, quints, sisens et setens renvoie à la nomenclature que recevra chacun des étages du castell. La typologie des castellers varie en fonction de l’étage ; plus on va haut et plus les composants sont agiles et légers.

La difficulté technique de certaines constructions nécessite une deuxième base de soutien, folre (« doublure »), voire une troisième, manilles (« poignées »), qui sont conçues à la manière d’une pinya, mais plus réduite en nombre de castellers.

C’est le nom donné à la base du castell. Elle joue deux fonctions élémentaires : d’un côté, elle fixe la structure et de l’autre elle fait office de matelas en cas de chute. L’une des choses qui surprend le plus le spectateur néophyte, c’est que la structure de la pinya (« ananas ») est parfaitement organisée quant au nombre de castellers qui la composent, à la manière dont ils sont placés et à la fonction qu’ils jouent. C’est un véritable casse-tête.

Types de Castells

Le nombre de castells dépend de deux paramètres : le nombre de personnes à chaque étage (sans tenir compte du pom de dalt) et le nombre d’étages. Une structure doit comporter six étages au minimum pour être considérée un castells, à l’unique exception des piliers, qui le sont à partir de quatre étages.

STRUCTURES SIMPLES
Ce sont les plus faciles à compter et à identifier. Elles se composent d’un, de deux, de trois ou de quatre castellers par étage. Mais attention : le terme « structures simples » ne veut pas dire qu’elles sont faciles à constituer.

STRUCTURES COMPLEXES
Au-delà de quatre castellers par étage, les structures complexes ne sont rien de plus qu’une combinaison de structures simples. Certaines d’entre elles sont de véritables ouvrages de génie civil.

STRUCTURES SINGULIÈRES
Il s’agit de castells qui, malgré une structure simple, se distinguent soit par leur mode d’assemblage, soit parce qu’elles s’affranchissent d’une base de soutien habituelle.

Illustrations de Xavier Ruiz fournies par Lynx Edicions

MUSIQUE

Les castells ne peuvent être appréhendés sans la musique des grallas (instrument à vent traditionnel catalan) et les tambours. Le « toc de castell » est le morceau le plus connu : c’est celui qui est interprété lors de l’élévation des tours et qui marque les temps, à la manière d’un guide pour ceux qui intègrent la construction. Mais s’il s’agit d’une diada castellera, avant d’entendre le « toc de Castell » le « toque de entrada » aura résonné sur la plaza. Bien d’autres moments castellers ont aussi leur musique associée, comme le « toc del pilar caminant » (accompagne un pilier qui se déplace) ou le « toc de vermut » (interprété au terme de la performance).

LES INSTRUMENTS

Les instruments qui accompagnent traditionnellement les castells sont le gralla et le tambour.

Le gralla seca (sec) est un tube à fût tronconique qui, à de légères variations près, mesure 35 cm de long et compte neuf trous : six dans la partie supérieure, un dans la partie inférieure et deux autres dans la campana ou bouche de l’instrument. Ces derniers servent à améliorer l’accordement et la sonorité. Les bois peuvent être divers : jujube, ébène, buis, olivier, etc.

Il existe trois types de grallas, par exemple le gralla dulce (doux) (également dit à touche ou à deux touches), modèle plus évolué du gralla seca qui intègre des touches dans sa partie basse pour atteindre le mi3. Le gralla baja (bas) est une quarte plus grave que le doux et intègre une touche lui permettant d’atteindre le la2.

Dans la partie supérieure du gralla vient s’ajouter le tudel, également de forme conique, qui peut mesurer différentes tailles. C’est sur le tudel que vient se loger la anche. Cette dernière est fabriquée artisanalement, et se compose de deux empeignes superposées et liées avec un fil. Quand l’air passe entre les deux, elles vibrent et produisent le son.

La transcription musicale majoritaire du gralla est « de l'aube au crépuscule, comme les paysans », tandis que, dans la municipalité de Sitges, le « ré » est la note connue pour sonner en couvrant les trous. Dans le monde du gralla, on trouve deux systèmes d’accordement : a Hz, plus répandu dans la région traditionnelle (campo de Tarragona), et Hz, plus répandu dans la région non traditionnelle.

Quant aux tambours, Xavier Bayer González indique dans le programme des fêtes patronales de Vilafranca del Penedès de 1990 : « Les tambours les plus anciens étaient en bois, en général de moins de deux empans de haut pour un et demi de diamètre. Avec une peau par-dessus et en dessous qui était tendue par des cordes ; il comporte aussi une ou deux bordures en boyau sur la peau du dessous qui permettent le roulement ».

De nos jours, les plus courants sont en laiton, couverts des deux côtés de peau naturelle ou en plastique tendue via des tendeurs métalliques, et avec un bord réglable du côté opposé. Le tambour se joue avec deux baguettes en bois.

Histoire

Il existe deux théories concernant l’origine du gralla traditionnel. Dans tous les cas, on affirme qu’il était particulièrement populaire entre les XVIIIe et XIXe siècles, dans le camp de Tarragona, Penedès, Tarragonès et Garraf.

Le gralla traditionnel est court ou sec. C’est au dernier tiers du XIXe siècle que sont apparus le gralla long à touches ou dulce, pour pouvoir produire des harmonies à différentes voix et obtenir une meilleure tessiture. À son époque, l’introduction du gralla dulce a fait l’objet de critiques de la part d’un grand nombre de nostalgiques du gralla seca, mais les partisans et défenseurs du gralla larga ne manquaient pas non plus ; une divergence qui reste encore d’actualité.

L’époque la plus faste du gralla se situe entre 1875 et 1915, période d’introduction du gralla baja. C’est aussi à cette époque que l’on remplace les tambours en bois par d’autres plus légers, en laiton.

1915 marque l’année du déclin du gralla avec le monopole représenté par l’enseignement familial. L’apparition d’autres instruments et de goûts musicaux entraîna la diminution du nombre de partitions jouées par le gralla.

Pere Català Roca, en 1952, établit dans « Destino » un bilan des grallers où il recensait seulement 14 grallers et 7 tambours.

À l’automne 1952, Sitges fonda une école où l’enseignement du gralla était dispensé de manière ouverte. 1969 marque le lancement de l’école du gralla de Tarragona. Et en 1976 apparaît une nouvelle colla de grallers à Vilafranca del Penedès.

C’est aussi en 1976 que la colla castellera d’Atafulla convoque la première rencontre de grallers : « … sa célébration représente déjà un progrès dans la structuration et la formulation d’un programme de représentations qui, comme les grallers, font aujourd’hui partie des castells et en sont des membres à part entière » (traduction libre - Món Casteller, op cit Jordi Garcia Soler, Avui du 4/12/1976).

Plus tard, en 1981 à Reus, fut inaugurée la Trobada de Música Tradicional » et, en 1986, une autre fut organisée à Guardiola de Font-Rubí.

Le 14 décembre 1979 naît le groupe Escuela de Grallers de la Colla Joves Xiquets de Valls.

À partir des années 80 sont créées des méthodes pédagogiques et se tiennent des congrès, des expositions, des performances musicales de culture populaire et traditionnelle, etc. Dans les années 90, les classes de musique traditionnelle s’étendent à différents endroits du territoire.

Depuis 2006, le gralla peut également être étudié à l’Escola Superior de Música de Catalunya, en tant que diplôme supérieur de musique équivalent à une maîtrise, aux côtés d’autres instrumentos de musique traditionnelle.

Le « Toc de Castells »

Comme l’explique Joan Cuscó, « Le toc de castells comporte deux parties marquées par trois motifs : début, aleta et sortie, l’ensemble et chacune d’elles décrivant ou racontant l’évolution du castell ». Dans ce cas, le son est le guide permettant à ceux qui supportent le castell de savoir comment se déroule leur construction :

Renvoie à une indication
C’est la mélodie qui accompagne le processus de construction du castell. Sa durée dépend du rythme de construction de la structure.
C’est une indication signifiant la réalisation du castell, qui consiste en la répétition maintenue de deux notes (re4 et mi4) jusqu’à ce que l’enxaneta lève le bras. Ensuite, le gralla fait sonner le sol4.
Puis commence le désassemblage du castell, dont le début est exprimé musicalement par trois notes descendantes (sol4, fa4, mi4) qui sont tenues pendant que l’enxaneta et l’acotxador démontent le « pom de dalt ». Ici, la mélodie, suivant un modèle régulier descendant et au tempo, guide la descente ordonnée des différents étages. C’est aussi une partie à durée ouverte, comme celle de la montée/construction.
Le castell désassemblé compte aussi son petit thème, ou coda, pour indiquer la fin : 8 mesures avec une mélodie à base de groupes artificiels, des valeurs courtes, de profils ascendants et au tempo ad libitum. Le « toc de castel » commence et termine par un registre aigu. Aussi bien la 2e partie que la sortie varient en durée selon le rythme durant le désassemblement. En outre, concrètement à la sortie, les musiciens se préviennent pour rendre la version plus courte ou plus longue dans chaque cas. La courte consiste à ne réaliser que les deux dernières mesures.

Comme l’indique Xavier Bayer, dans les castells de sept étages : « Quand on commence à grimper sur ceux du troisième étage, cela marque le début de l’exécution musicale du toc de castells. Au moment où le cap de colla crie terços amunt!, le puissant son du gralla et du tambour envahissent l'espace acoustique et préviennent que le castell a déjà commencé ».

Dans les castells de huit étages, la musique commencera au montage du quatrième étage, puis successivement en fonction de la hauteur de la construction.

Performances
Blai FONTANALS I ARGENTER, Nosaltres, els grallers.
Ivó JORDÀ I ÁLVAREZ, Fitxa tècnica de la gralla. Per conèixer i entendre l’instrument.
Joan CUSCÓ I CLARASSÓ, El Toc de Castells. Història i històries d’una música.
DINSIC (edició a cura de Xavier Bayer i Iris Gayete), Terços amunt! Músiques per a gralla a l’entorn del fet casteller.

SPECTACLES

Le calendrier ccasteller varie chaque année et subit souvent des changements à quelques semaines de la date prévue. La meilleure manière de savoir quand et où il est possible de voir des castells consiste donc à consulter quelques jours auparavant les performances qui se tiendront à une date concrète, sachant que l’activité castellera n’est pas permanente, mais dépend d’une saison non officielle.

OÙ ET QUAND

Traditionnellement, la saison commençait à la Sant Joan (24 juin) et finit avec la diada de Santa Úrsula (dimanche suivant le 21 octobre), mais ce calendrier a été étendu et, aujourd’hui, il est possible de voir des castells pratiquement toute l’année. Toutefois, la période la moins active correspond aux mois de décembre et de janvier.

De plus, le nombre de performances a également augmenté : chaque année, plus de 10 000 castells sont assemblés. En été, par exemple, on célèbre des dizaines de performances chaque fin de semaine. Il faut prendre en compte que les castells, en tant qu’activité amateur, se tiennent généralement en fin de semaine ou les jours fériés. L’importance des performances est variable, même si certaines, par tradition, sont souvent les plus suivies au fil des ans.

En parallèle à l’extension du calendrier dans le temps, la carte s’est étendue elle aussi : il est possible d’assister à des tours humaines pratiquement chaque fin de semaine sur une grande partie du territoire.

LES DIADES INCONTOURNABLES

Bien que le calendrier soit variable et qu'il soit difficile de savoir où il est possible de voir les meilleures performances, il existe plusieurs diades (« journées, festivités ») grâce auxquelles, selon la tradition et les résultats historiques, il serait possible de configurer une liste des rendez-vous incontournables.

Sant Joan marquait traditionnellement le début de la saison castellera. Chaque 24 juin a lieu, à Valls, la diada des fêtes patronales où les deux colles locales livrent leur première confrontation. Ce même 24 juin dans l’après-midi, il est possible de voir les castells à Tarragona, avec la participation des quatre colles de la ville.
C’est l’une des premières performances notables de la saison, qui se tient le premier dimanche après San Pedro (29 juin). Les colles locales y sont représentées : Minyons et Castellers de Terrassa, en plus d’une troisième colla invitée.
Depuis l’an 2000, la diada de Les Santes a gagné en importance dans le calendrier ccasteller grâce aux bonnes performances des colles invitées, ainsi qu’à l’évolution de la colla locale, Capgrossos de Mataró. Elle est célébrée le dimanche précédant la festivité de Les Santes (27 juillet).
La plaça de la Vila de Vilanova i la Geltrú se transforme, le premier week-end d’août, en décor de la diada des fêtes patronales où, en plus de la colla locale Bordegassos de Vilanova, se produisent deux colles invitées du plus haut niveau. Les castells se tiennent le samedi dans l’après-midi, un bon prétexte pour prolonger le plaisir avec un dîner et une sortie nocturne.
Tous les 15 août, le petit village de la Bisbal del Penedès devient l’épicentre ccasteller à l’occasion de l’un des rendez-vous les plus authentiques du calendrier, aussi réputé pour ses castells que pour ses températures élevées.
El Catllar n’a pas de colla propre, mais, depuis le XIXe siècle, il vit avec la passion des castells. Sa diada des fêtes patronales, le samedi ou quatrième samedi d’août dans l’après-midi sur l’une des plazas la plus effervescente du monde casteller, est devenue à juste titre l’un des lieux incontournables pour les aficionados : colles invitées de premier plan, stratégie et rivalité en sont les ingrédients.
C’est une performance dont la savoureuse réputation en fait l’une des plus traditionnelles du calendrier. Elle a lieu le quatrième dimanche d’août et trois des principales colles y participent en plus de celle locale, Minyons de l’Arboç. Hormis les castells, le Ball de Diables, qui se tient juste avant la diada, vaut également le détour.
La Diada en majuscules. Tous les 30 août, Vilafranca del Penedès invite les colles qu’il considère « les quatre meilleures colles du monde ccasteller ». Tradition, rivalité, castells d’une difficulté maximum et décor exubérant en font « la plaza la plus castellera » selon certains ; elle accueille des milliers de personnes venant profiter de l’un des spectacles les plus sensationnels de la saison. Bien que le 30 août soit le grand jour, des performances sont également programmées la veille et le lendemain, à la San Ramón, dans les deux cas avec la participation des colles locales.
La fête patronale de Tarragona propose deux performances proposant généralement des castells d’une difficulté maximum. La plus traditionnelle est la diada de Santa Tecla, célébrée le jour même de la sainte patronne (23 septembre) avec les quatre colles locales. Depuis 2005, on célèbre aussi la Diada del Primer Diumenge de Festes, où s’affrontent les deux meilleures colles locales, en plus de deux invités de premier plan
Le dimanche le plus proche du 24 septembre (fête patronale de Barcelone) est célébrée la Diada Històrica de la Mercè, une des performances qui attire le plus de spectateurs et, surtout, de touristes. Y participent les colles locales Castellers de Barcelona en plus de deux colles de premier plan. Il est impératif d’être ponctuel, car l’afflux de public contraint parfois à fermer les accès à la plaza Sant Jaume.
Ce même 24 septembre, on peut également assister à des castells à la Diada de la Mercè, une performance collective réunissant toutes les collas de la ville sur la même plaza Sant Jaume : Castellers de Barcelona, Castellers de la Vila de Gràcia, Castellers de Sants, Colla Jove de Barcelona, Castellers del Poble Sec, Castellers de la Sagrada Família, Castellers de Sarrià et Colla Castellera de l’Esquerra de l’Eixample. C’est l’une des rares occasions de profiter d’autant de colles lors d’une même performance et de voir jusqu'à 30 constructions.
Le premier dimanche d’octobre des années paires a lieu la performance la plus exceptionnelle du calendrier. C’est l’unique diada désignant des vainqueurs et des perdants explicites, où les castells se voient attribuer une note, où un jury veille minutieusement à ce qu’un règlement soit respecté et où le public paie l’entrée. C’est le jour où les castells sont, ouvertement, une compétition. Pour assister au Concours, il est impératif de s’organiser à l’avance, car les 6 000 tickets mis en vente par l’organisation sont épuisés après quelques heures. C’est le spectacle ccasteller le plus grand au monde : trois journées, 42 colles et une mosaïque de couleurs unique.
Les années impaires, la plaza del Mercadal de Reus réunit, l’après-midi du premier samedi d’octobre, certaines des meilleures colles du monde casteller, qui se produisent aux côtés des Xiquets de Reus, la colla locale.
Le dimanche le plus proche du 15 octobre, la plaza Vella del Vendrell vit une diada chargée de tradition, où l’on peut voir des castells d’une difficulté maximum dans un environnement de connaisseurs des castells. La colla locale, els Nens del Vendrell, est accompagnée de deux colles de premier plan qui proposent des castells d’une difficulté maximum.
La plaza del Blat, kilomètre zéro du monde casteller, site ayant accueilli les premières tours humaines il y a 200 ans, vit son grand jour à la Diada de Santa Úrsula, le dimanche suivant le 21 octobre. Une démonstration purement castellera, faite d’une rivalité authentique et de castells d’une difficulté maximum de la part des deux colles locales, la Colla Vella dels Xiquets de Valls et la Colla Joves Xiquets de Valls. L’une des singularités de cette plaza, c’est que seules les performances de ces deux colles est au programme, sans invitation supplémentaire.
Les Minyons de Terrassa ont hissé la plaza del Vi sur la carte des grandes plazas castelleres en exécutant, en 1998, le premier 4 de 9 sans folre (doublure) du XXe siècle à la diada de Sant Narcís avec la colla locale Marrecs de Salt. Depuis lors, cette plaza devient, chaque dimanche précédant le 29 octobre, la meilleure occasion de voir des castells d’une difficulté maximum dans le nord de Catalunya
Les Castellers de Vilafranca concluent leur saison par cette diada. Si « les meilleures colles du monde ccasteller » se tiennent à Sant Fèlix, Tots Sants tente de rassembler celles qui devraient prendre la relève : les valeurs émergentes qui voient dans ce rendez-vous une vitrine immanquable.
Il suffit de dire qu’à cette diada ont été homologués pour la première fois des châteaux comme le 2 de 9, et le 3 et 4 de 10 désassemblés de l’histoire, pour comprendre son importance. C’est la dernière performance d’envergure de la saison (troisième ou quatrième dimanche de novembre), ce qui oblige parfois à venir bien couvert.

LES MÉS SINGULIERS

En plus des performances où l’on voit les castells les plus importants, certains sont exceptionnels pour d‘autres raisons : parce que les castells sont réalisés de nuit, parce qu’ils ont lieu sur des sites singuliers ou parce qu’une particularité les rend spéciaux. En voici quelques exemples :

Les années se terminant par 1 sont célébrées à Valls les fêtes Decenales de la Virgen de la Candela (2 février), durant lesquelles se tient la performance la plus massive. Toutes les colles du moment se produisent en simultané, ce qui en fait un spectacle bariolé.
La plupart des diades ont lieu le dimanche en mi-journée, à quelques exceptions près. La performance de Completas en Valls, le 23 juin, commence à onze heures moins le quart de nuit. C’est une diada qui a pour cadre la fête patronale de San Juan et où les castells se mêlent avec flamboyance. L’une des images les plus spectaculaires est quand les deux colles soutiennent leurs piliers pendant plusieurs minutes, tandis que, dans le ciel, se dessine un château fait de feux d’artifices.
La diada de Millars, dans le Roussillon français, est la plus ancienne de la Catalogne Nord. Depuis 1997, début août, des castells sont assemblés dans le cadre d’une fête taurine qui accueille chaque année plus de 50 000 personnes pour assister à des castells, des pasodobles et des taureaux.
Tous les 9 août à Llorenç del Penedès, les voisins du village assemblent des castells, en habits ordinaires et sans avoir de colla propre, lors d’une performance qui débute à minuit. Une fois terminée, les assistants peuvent savourer une part de pastèque avant la verveine.
La fête patronale estivale de Tarragona, Sant Magí, accueille l’une des diadas les plus traditionnelles. Tous les 19 août, les quatre colles de la ville se produisent sur la plaza de las Cols, un décor unique permettant aux spectateurs les plus ponctuels de voir des castells sur les marches de la Cathédrale. Il faut impérativement se préparer aux grandes chaleurs !
Marrecs de Salt, Sagals d’Osona, Tirallongues de Manresa et Castellers de Lleida sont les quatre colles de localités unies par l’Eje Transversal (autoroute C-25) qui célèbrent, depuis 1999, une diada collective. Elle est organisée mi-septembre de manière itinérante et se distingue par la bonne ambiance des colles qui closent la performance avec un castell collectif.

Après la performance castellera, la diada de la Mercè de Tarragona, le 24 septembre, surprend par une particularité. Les quatre colles de la ville assemblent un pilier de quatre étage qui monte et descend les 19 marches de la Cathédrale et tente de parcourir les 410 mètres jusqu’à atteindre la Mairie dans un délai de 10 à 15 minutes.

À Girona, les Marrecs de Salt ont également leur pilier dédié qui marche. Le jour de Todos los Santos, au cœur de la nuit, ils tentent chaque année de monter les 90 marches de la Cathédrale.

Bellprat, village de la région de l’Anoia de 64 habitants (2019), comptait durant la Deuxième République la première mairesse de Catalogne et d’Espagne (1934). Depuis 2009, la municipalité rend hommage à Natividad Yarza avec une diada castellera qui se tient fin octobre et qui a pour singularité que la structure principale du castell (tronc) est intégralement constituée de femmes.

FONCTIONNEMENT

Une performance castellera type comprend trois castells et un pilier de sortie de la part de chaque colla participante : à chaque diada peuvent se produire une, deux, trois ou quatre colles, voire plus, bien que les plus courantes en comptent trois. Les groupes montent leurs castells par cycles, en suivant un ordre de d’intervention convenu ou tiré au sort avant de commencer. Habituellement, à défaut de réussir le castell voulu, la colla a le droit de le retenter.

On aura beau chercher, on ne trouvera nulle part de règlement des castells” compilant par écrit les normes régissant les tours humaines. Cela ne signifie pas pour autant que ces règles n’existent pas : les castells sont assemblés selon des conventions non écrites que tout le monde connaît et accepte.

L’unique performance comptant effectivement des normes explicites est le Concurso de Tarragona, qui, fondamentalement, tente de réunir par écrit les règles traditionnelles, à quelques différences près.

QUI EST DECLARE VAINQUEUR

Bien que, de l’extérieur, cela puisse sembler le cas puisque différentes « équipes » sont réunies sur une même plaza, les castells ne sont pas une simple compétition et il n’y a pas de gagnants ni de perdants. Les colles participent avant tout aux castells pour se dépasser et atteindre leurs objectifs. En conséquence, il est courant que, après une diada, plusieurs colles quittent la plaza satisfaites : elles se sentent toutes gagnantes car elles ont atteint leurs objectifs.

Malgré tout, il est évident que certains castells sont plus difficiles que d’autres. Les castellers le savent et, souvent, en plus de se dépasser, ils cherchent aussi à produire une prestation supérieure aux autres. Cela est particulièrement manifeste dans les diades où participent des colles de niveau similaire ou entretenant une forme de rivalité.

QUEL CASTELL EST LE PLUS DIFFICILE ?

Dans ce cas, on recourt une fois encore à des critères et des conventions non écrits. La joie des castellers et l’intensité des ovations peuvent constituer un bon indicateur, même si les plus perfectionnistes se tourneront vers le tableau de notes du Concurs de Tarragona.

Compétition

CONSEILS POUR PARTICIPER

Enlevez la montre, les lunettes, les colliers et les bagues. En cas de chute, ils pourraient être dangereux.

Ne levez pas la tête ! Si vous pensez que vous cèderez à la curiosité, mieux vaut que vous y assistiez de l’extérieur ! Être dans la pinya exige une concentration de tous les instants.

Laissez-vous guider par les gralles, les cris du cap de colla et le son de l'ambiance pour deviner comment se déroule le castell.

Ne pressez pas avec le ventre, mais avec la poitrine, et seulement quand on vous le demande de l’avant. Quand vous entendez « dóna’m pit! », vous saurez que c’est le moment de le faire.

Prenez des conseils. Tout le monde a connu une première fois, et les plus aguerris de la colla seront ravis (parfois trop !) de vous expliquer ce que vous avez à faire et comment vous devez vous positionner.

En cas de chute, ne vous baissez pas et continuez de pousser vers l’avant.

Savourez l’expérience. Vous voudrez recommencer à coup sûr !

Valeurs

Depuis novembre 2010, les castells sont reconnus par l’UNESCO comme Patrimoine Immatériel de l’Humanité. Il est clair que leur valeur esthétique et le défi de la gravité ont joué, mais le principal motif de reconnaissance, ce sont les valeurs véhiculées par les castells.

Les castells sont une activité totalement altruiste. Le ccasteller ne paye pas pour faire partie d’une colla. Être casteller, c’est se mettre au service d’un projet où l’unique récompense sera la satisfaction de relever les défis, du dépassement de soi.
D’un autre côté, les castells sont aussi une activité gratuite : le ccasteller ne paie pas pour faire partie d’une colla, de sorte qu’il peut y trouver une opportunité d’y investir son temps libre. Pratiquer les castells, c’est réaliser deux ou trois essais dans la semaine et une performance en fin de semaine, souvent dans d’autres villes ou villages de Catalogne. En outre, c’est une activité que l’on peut pratiquer en famille.
Dans les castells, la gloire est toujours collective. Les castellers les plus importants sont ceux qui composent la pinya, comme l’enxaneta, qui occupe le sommet du castell. Il faut des centaines de personnes qui remplissent chacune leur fonction pour que la colla atteigne le succès.
Les colles castelleres sont ouvertes et inclusives. Tout le monde est le bienvenu et tout le monde est utile. Dans une colla, il y a des hommes et des femmes de tout âge, des plus petits aux plus grands, ainsi que des personnes de toutes les conditions sociales et origines. Pour vous joindre, il suffit de se rendre à un essai et de s’inscrire.
L’inclusion et l’intégration sont aussi des valeurs essentielles des castells : dans une colla, on côtoie des gens de tous les milieux, on se fait des amis, on apprend à se connaître et à pratiquer une langue, on s’imprègne des coutumes et de la culture locale... Rejoindre une colla a ainsi aidé des milliers de nouveaux venus à s’intégrer dans la société catalane ces dernières décennies.
De plus, les castells sont solidaires par définition : le ccasteller « fait don » au groupe de son effort, sa souffrance, son courage, son temps... Et, en échange, il attend seulement que le reste des castellers fasse de même. Dans les colles, on retrouve aussi la solidarité au sens classique du terme : les liens qui se tissent entre les membres font que les uns et les autres s’entraident. Les castells forment un réseau.
Human towerLes colles castelleres sont des associations ouvertes, auxquelles tout le monde peut se joindre et où l’avis de tous est écouté. La norme élémentaire de fonctionnement interne sont les statuts de chaque colla, que l’assemblée de castellers a approuvés démocratiquement. Il revient aussi à l’assemblée de choisir les comités techniques et directeur. En outre, les colles sont regroupées dans la Coordinadora de Colles Castelleres de Catalunya, entité qui élit aussi ses instances dirigeantes et prend les décisions de manière démocratique. Ainsi, même en étant l’héritier d’une tradition bicentenaire, le monde ccasteller suit un modèle complètement démocratique.

TRADITION ET MODERNITÉ

Les castells sont une activité qui reste fidèle, en grande partie, à l’esprit et à la pratique qu’ils soutenaient 200 ans auparavant : le fait d’être une partie fondamentale de la fête patronale, du groupe de musique ou de la typologie même des castells figurent parmi les éléments qui se sont transmis de génération en génération. Ce puits de tradition ne signifie pas que les castells n’ont pas été capables de s’adapter aux nouvelles époques. Le fait d’avoir réussi à y parvenir explique la longévité et la vitalité sans précédent dont ils ont fait preuve ces dernières années.

Ces changements ont été aussi techniques que sociaux, comme par exemple l’intégration de la femme, instauré à partir des années 80. En outre, les castells ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques pour améliorer la sécurité de leurs participants. Fruit de ces recherches, par exemple, un casque de protection a été conçu à destination des plus petits. Enfin, les castells sont présents de manière notable dans les médias de communication, notamment sur la télévision publique nationale catalane (Televisió de Catalunya), qui a joué le jeu au point d’en faire une vitrine de ses innovations technologiques comme la 3D (documentaire « Enxaneta », production de TVC sous la direction de Paulí Subirà, 2011).